Article du Pays Roannais: A Tarare, le développement n'est plus en friche
Tarare, le développementn'est plus en friche
L'ambitieux programmedela FrichedesTeintureries,où devrait notamment s'implanterla
brasseriedu Ninkasia étédonné samedi dernier en présence de Michel Mercier,qui a salué
un projetex emplaire. Le chantier doit s'achever enfin d'année.
MATINEE hautement symbolique,
samedi,à Tarare.C'était en effet le jour
qu'avait choisi la municipalité pour
procéderà la posedela « premièrepierre
» de l'important chantierqui doit aboutir,
au bout d'un an de travaux, à la
rénovationde la friche des Teintureries,
destinée à devenir la vitrine de la
redynamisation économique de la ville et
du secteur. La portée est d'autant plus
symbolique que ce bâtiment, à l'entrée
Est de l'agglomération, est l'un des plus
emblématiques du développement de
l'industrietextile à Tarare.
Pourl'occasion,le ministrede la Justice,
présidentdu Conseil généraldu Rhône,
Michel Mercier, avait rejoint les élus
locaux pour lancer cet ambitieux
programme que le maire de Tarare,
ThomasChadoeuf-Hoebeke qualifiait de «
première pierre de la transformation
de notre ville, preuve que le
développement industriel est encore
possible en France à condition de le
vouloir. Ce projet est le fruit d'un
choix politique (1) , mais aussi d'une
aventure humaine réunissant toutes les
autorités politiques et des chefs
d'entreprises» .
La friche accueilleraeneffet desactivités
technologiques à forte valeur ajoutée,
commele pôle des entreprises oeuvrant
dansle domaine du logiciel libre, mais
aussi des industries plus traditionnelles,
porteuses d'image et utilisant l'eau,
ressource qui a fait la richesse et la
renommée de Tarare. Le principal
occupantdu bâtiment, la tête d'affiche,
serale Ninkasi.L'enseigne lyonnaisea en
effet décidéd'y délocalisersafabriquede
bières actuellement implantée à
Lyon-Gerland, d'y aménager aussi un
espace café-restauration-spectacles et de
s'y lancer enfin dans la fabrication de
whisky. Si rien n'est officiellement signé
(lire notre encadré), l'entrepriseest partie
prenantedu dossierdepuisl'origine, à la
based'un Pôled'ExcellenceRuralevalidé
par l'Etat autourde l'écologieindustrielle
(2) .
« Tarare va bientôt devenir la capitale
- au moins régionale - du logiciel libre
et le siègede la plus grande fabrique de
bière de Rhône-Alpes » ,
s'enthousiasmait le maire, qui rappelait
que l'antenne de la Chambre de
commerceet d'industriede Lyon, l'agence
locale du Progrèset sansdouteun hôtel
d'une vingtaine de chambres (en 2012)
compléteraient l'ensemble. Au final, une
cinquantaine d'emplois devraient être
suscités par ce projet. Le mairen'oubliait
pas d'évoquer l'implantation prochaine
sur un autre site de Tararede Canevaflor
(murs végétalisés) pour affirmer « une
ligne directrice cohérente : celle qui
consiste à vouloir spécialiser la ville
dansles éco-technologies » .
Avec lescompliments du ministre...
Au nom de la Région Rhône-Alpes,
Thierry Philip, vice-président du Conseil
régional, assuraitl'équipe municipalede
son « admiration pour l'énergie que
vous déployezdansvotre vision globale
du développementà la fois économique
et écologique» .
Mais l'ambassadeur le plus enthousiaste
du projet n'était autre que Michel
Mercier, Ministre de la Justice, qui se
disait ravi de « voir une ville qui se
reconstruit sur ellemême,à travers un
beau projet autour d'un bâtiment qui
est le symbole du développement
industriel. Jadis, on construisait la ville
autour de l'usine. C'était comme ça
danstoute la partie textile du Rhône » ,
affirmait-il, bien au fait du sujet en tant
qu'enfant et élu de Thizy. Selon lui, la
réutilisation de ce bâtiment, - « qui
contribuera en outre, par les activités
qui seront accueillies ici, à réduire la
fracture technologique entre les
grandes villes et les autres » -
constituera un élément propre à «
redonner de l'espoir, de la vie, du
souffle » . Toujoursaussidithyrambique,
Michel Mercier remarquaitenfin : « Ce
bâtiment sera une entrée optimiste
pour la ville. On y verra de l'activité,
de la vie... Si l'Etat a apporté tout son
soutien, je veux féliciter la Ville de
Tarare d'être le moteur de cette
transformation... » On ne pouvait guère
prodiguerencouragement plus marqué...
ChristopheFargier, P-DG de Ninkasi :
On devrait bientôt signer ! Annoncée
comme acquise depuis de longs mois,
pivot du Pôle d'Excellence Rurale «
Ecologieindustrielle» présenté à l'Etat -
et validé - l'implantation du Ninkasi à
Tarare,et notamment de sa fabrique de
bières, n'est pas encore officialisée. Et
pour cause ! L'accord entre les
partenaires, s'il est réciproque,n'est pas
formalisé. ChristopheFargier,P-DG du
Ninkasi,était entout casbienprésentlors
de la première pierre. Une pierre sur
laquelle il a laissé symboliquement,
commeles autrespartenaires, l'empreinte
de sa main. Autant dire qu'il paraît
désormais inconcevable que le
déménagement de la fabrique depuis
Lyon Gerlandà Tararen'aboutisse pas.«
Rien n'est signé, c'est vrai, admettait,
interrogé par nos soins, Christophe
Fargier. Mais cela doit se faire bientôt.
Nos avocats respectifs ont un
rendez-voustrès prochainement.»
Au total, sur les trois opérations
(brasserie, espace
café-restauration-spectacles et lancement
d'une distillerie de whisky), l'entreprise
devraitinvestir2 millions d'Eurosdansle
projet. Elle mène parallèlement le projet
de réaménagement de son site de
Gerland, qui sera réorienté sur les
activités de loisirs, pour un investissement de l'ordre de 3 millions
d'Euros.
L'équipe de la brasserie devrait donc,
dans un an, déménager à Tarare. Des
recrutements pourraient être faits
localement, notamment pour le
conditionnement. Le Ninkasi escompte
rapidement tripler sa production pour
parvenirà 18 000hectolitrespar an.
(1) Le projet de l'anciennemunicipalité
consistaità aménager sur ce site un pôle
culturel comprenant notamment un
nouveau théâtre et une maison de la
musique.
(2) Il est prévuqu'unepartie desdéchets
induits par la fabricationde bièreset de
whisky – le malt et le houblon – soit
récupérée par l'intermédiaire de la
création d'une filière de lombri-compost
par Canevaflordansle cadrede le mise
en place d'un process de maraichage
vertical. Une autre partie des déchets
alimentera une unité de méthanisation
que portera l'entreprise Valcrest
(production laitière). Enfin, le résidu de
cette méthanisation viendra alimenter la
plateforme de co-compostage de la
Communauté de communesdu Pays de
Tarare.
P.-O.VEROT ,P.-O.V.
14/01/2011